Apprendre à aider
Attaques de panique, épisode 5
« Elle se sentait mal, elle se sentait triste mais elle n’avait pas mis les mots… ». Cette épisode aborde un trouble qui peut être très impressionnant pour les personnes qui en sont atteintes, mais aussi pour les personnes qui les entourent : les attaques de panique.
Les attaques de panique concernent près de 10% de la population mondiale. En France, c’est près d’1/4 de la population qui pourrait être concerné à un moment ou à un autre de sa vie.
Dans cet épisode, Noémie, raconte comment elle est venue en aide à une amie, à distance, alors que celle-ci était en crise et qu’il s’agissait manifestement d’une attaque de panique. Puis, Chrystel Besche-Richard, professeure de psychopathologie cognitive à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, partage son regard d’expert pour vous aider à mieux reconnaître les symptômes.
Durée : 30 min
Attaques de panique, pour aller plus loin
- Le carnet du secouriste en santé mentale – Mieux comprendre les attaques de panique
- L’application de cohérence cardiaque Respirelax pour vous aider à mieux gérer la crise
- L’épisode du podcast Les Maux bleus Jusque-là tout va bien – Trouble panique avec agoraphobie. Mickael Worms-Ehrminger y reçoit un trentenaire qui parle de sa première attaque de panique, de la manière dont ce trouble a changé sa vie, mais aussi et surtout comment il parvient aujourd’hui à vivre avec.
Retranscription de l’épisode
C’est l’histoire de Julie qui a fait une tentative de suicide, de Pierre qui boit trop. C’est aussi l’histoire de Nathalie qui rêve chaque nuit de son accident de voiture. Vous aussi vous connaissez peut-être quelqu’un qui est concerné par un problème de santé mentale. Chez PSSM, Premiers Secours en Santé Mentale, nous sommes convaincus qu’engager une conversation peut tout changer.
Je m’appelle Oriana et je vous souhaite la bienvenue dans cette discussion où se mêlent témoignages, histoires de vie et conseils pour tous ensemble briser les tabous autour des troubles psychiques. Vous écoutez Apprendre à aider, le podcast sur le secourisme en santé mentale.
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Introduction
Une attaque de panique se caractérise par la survenue soudaine et inattendue d’une intense sensation d’inconfort, de malaise, d’anxiété, d’angoisse, voire de peur. Ces sensations peuvent s’accompagner de symptômes somatiques, tels que des palpitations, un trouble du rythme cardiaque, des nausées, des vertiges, des tremblements, une suée. Des symptômes psychologiques et cognitifs peuvent aussi se manifester à l’occasion d’une attaque de panique. Cela peut se traduire par un sentiment d’irréalité, d’insécurité, de nervosité, de confusion, voire une inquiétude excessive. Ces symptômes, leur durée et leur déclencheur, peuvent varier d’une personne à l’autre, voire même chez une même personne d’une crise à l’autre.
Lorsque ces attaques de panique sont récurrentes et qu’elles s’accompagnent d’une anxiété anticipatrice relative à la survenue de crises ultérieures ou encore d’un comportement d’évitement des situations prédisposant aux attaques de panique, on parle alors plus spécifiquement d’un trouble panique. Le diagnostic associé repose sur des critères cliniques spécifiques et peut faire l’objet d’une prise en charge adaptée et personnalisée. Cette prise en charge peut inclure un traitement pharmacologique et/ou des thérapies non médicamenteuses.
Les attaques de panique sont fréquentes puisqu’elles concernent près de 10% de la population mondiale sur une période de référence d’un an. Le trouble panique touchant quant à lui presque 4% de la population. En France, on estime qu’un quart de la population pourrait être concernée par un trouble panique à un moment ou à un autre de sa vie. Ce trouble apparaît habituellement à la fin de l’adolescence et chez le jeune adulte. Fait marquant, il touche deux à trois fois plus souvent les femmes que les hommes.
La formation PSSM donne des clés de compréhension qui permettent de repérer les signes et les symptômes en lien avec la survenue d’une attaque de panique ou d’un trouble panique chez un tiers. Cette formation vous apprend aussi à réagir et assister une personne en crise en attendant un relais pour une prise en charge adaptée.
Entretien avec Noémie, secouristes en santé mentale
Oriana : Bonjour Noémie.
Noémie : Bonjour Oriana.
Oriana : Vous êtes secouriste depuis six ans et comme vous l’avez certainement remarqué, nous démarrons nos épisodes par un récit en lien avec la thématique. Aujourd’hui, il s’agit des attaques de panique. Avez-vous un témoignage, une histoire significative d’un secours que vous avez pu apporter ?
Noémie : Il y a un an, j’ai reçu un message, c’était le 23 décembre 2023, d’une amie qui m’a envoyé un message en me disant : « Coucou Noémie, c’est quel numéro d’urgence qu’on peut appeler quand on va vraiment pas bien ? (psy). » De là a découlé une discussion qui s’est effectuée par message. Parce que très rapidement dans le cours de la discussion, elle m’a indiqué qu’elle n’arrivait pas à parler. Je ne pouvais pas aller la voir directement, donc on s’est écrit. Elle m’a écrit qu’elle n’arrivait pas à respirer, qu’elle se sentait très agitée. D’ailleurs, au départ, elle était chez elle. Et chez elle, l’ambiance de la maison ne permettait pas à ce qu’elle reste de manière sereine. Du coup, je l’ai invitée à sortir de chez elle, à aller prendre l’air, ce qu’elle a fait. Et donc, du coup, notre discussion a continué quand elle a été en dehors de son domicile.
Oriana : Vous avez pu détecter tout de suite, immédiatement, que c’était une attaque de panique ?
Noémie : En fait, le symptôme principal, celui qu’elle a indiqué, l’oppression, le fait qu’elle avait de grosses difficultés à respirer, sans poser de diagnostic sur l’attaque de panique, m’a fait franchement penser effectivement à une crise d’angoisse, une attaque de panique.
Oriana : Alors qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? Comment avez-vous pu lui apporter votre aide ?
Noémie : C’est elle qui est venue à moi. Dans l’approche, ça a été assez simple. Elle a tout de suite eu une posture où elle cherchait de l’aide. Donc toute cette partie là a été facile à dérouler. Ensuite, il y a eu toute une partie d’écoute pour savoir ce qui s’était passé exactement. C’était suite à une dispute qu’il y avait pu avoir au sein de son foyer. Donc j’ai essayé de la faire parler, de savoir comment ça s’était passé. Essayer aussi de rendre un peu neutre le récit qu’elle pouvait m’apporter pour l’apaiser dans les ruminations qu’elle pouvait avoir, ou la colère, ou la tristesse. Il y avait beaucoup d’émotions dans tout ce qu’elle pouvait me raconter. Et puis essayer de valider son vécu. Alors la réconforter à distance et par message, ce n’est pas forcément simple, mais ce qui a été utile, ça a été de lui dire que c’était OK de ne pas aller bien dans ce genre de situation, de lui dire que j’étais là par message, de lui dire qu’on allait trouver ensemble les ressources, de parler au « on » sur la recherche, qu’il pouvait y avoir d’aide sur la suite aussi, puisqu’il y a eu cette discussion, mais c’était une discussion qui s’inscrivait dans une relation et dans des correspondances plus larges, avant et après cet événement. Donc voilà, il y a pu y avoir tout ça, et l’encourager à aller voir quelqu’un, enfin en tout cas à chercher de l’aide, pas forcément directement à un psychologue, mais savoir ce dont elle aurait besoin pour pouvoir s’exprimer.
Oriana : Est-ce qu’elle-même avait déterminé et avait pu comprendre qu’elle était en train de faire une attaque de panique ?
Noémie : Elle, elle n’avait pas mis ces mots-là. D’ailleurs, rétrospectivement, quand on en a parlé, c’est ce qu’elle a pu me dire, que c’est grâce à notre échange qu’elle a compris qu’elle était dans un état de crise. Mais sur le coup, elle se sentait mal, elle se sentait triste, elle se sentait perdue, mais elle n’avait pas forcément mis le mot attaque de panique sur ce qu’elle était en train de vivre.
Oriana : Quelles sont les ressources, Noémie, que vous avez pu lui apporter, que vous avez pu lui donner ?
Noémie : Notre échange a duré à peu près de 10h30 à 10h50, ce qui est d’ailleurs à peu près le temps d’une attaque de panique. C’est ce que j’avais pu apprendre dans la formation après mes secours en santé mentale. Donc les ressources ont plutôt été des ressources d’écoute et des ressources de validation de ce qu’elle pouvait ressentir. Aussi, effectivement, ouvrir la porte vers le recours aux soins. Je lui ai proposé de rechercher avec elle des professionnels, mais elle était déjà accompagnée parallèlement. Donc ça a plutôt été le fait qu’elle puisse se saisir à nouveau et rapidement suite à ça d’un nouveau rendez-vous avec la personne qui l’accompagnait et qu’elle puisse expliquer ce qu’elle avait vécu et valider le fait que ce qu’elle avait vécu l’avait tourmenté, l’avait bouleversé et qu’elle puisse l’apporter lors de son rendez-vous avec un professionnel de santé.
Oriana : Comment va votre amie aujourd’hui ? Est-ce qu’elle a refait des attaques de panique ?
Noémie : Déjà elle a pu, grâce à ça, mettre un mot sur ce qu’elle ressentait quand ça pouvait arriver. Elle est en chemin. Et elle se fait accompagner et elle arrive de manière assez régulière à mettre des mots sur les états intenses qu’elle peut ressentir quand elle ressent ces états-là. Il faut préciser que c’est une amie qui a été dente dans sa famille, auprès de sa maman, auprès de son papa, auprès de ses enfants. Donc il y a quand même un contexte particulier où elle a besoin de ressources, de beaucoup de ressources pour faire face et à ce qu’elle vit et à ce que son entourage vit. Donc je la trouve très courageuse de pouvoir au moins dans ce chemin mobiliser et mettre beaucoup de choses en place pour essayer de mieux comprendre ce qu’elle traverse, même si le rétablissement est un chemin long et qu’elle est encore sur ce chemin aujourd’hui.
Oriana : Et qu’est-ce que la formation PSSM vous a apporté ?
Noémie : Déjà des réflexes. Je pense qu’avant la formation PSSM, je n’aurais pas forcément aligné ce déroulé de questions pour arriver vraiment à comprendre l’intensité de l’état dans lequel elle se trouvait et donc du coup savoir qu’est-ce que je pouvais faire suite à ça. Je pense aussi que la formation PSSM m’a apporté du coup une légitimité puisqu’elle m’a quand même contactée directement et elle m’a demandé directement un numéro d’urgence.
Oriana : Elle savait que vous étiez secouriste en santé mentale ?
Noémie : Elle savait que j’étais secouriste en santé mentale. Du coup ça… Et indépendamment de moi, ce que j’ai pu faire, le fait qu’elle sache que j’étais secouriste a probablement joué sur le fait qu’elle s’adresse à moi. Ce qui est intéressant aussi, c’est que derrière, cette amie, elle a fait la formation premier secours en santé mentale, elle aussi.
Oriana : Et qu’est-ce que ça a changé dans votre regard sur les troubles psychiques ?
Noémie : Je suis moi-même sujette aux attaques de panique dans certains contextes. Et donc, du coup, ça m’a permis de passer de l’autre côté du miroir. Ça m’a permis aussi de voir qu’on ne réagit pas tous de la même manière. Ce n’est pas parce que nous-mêmes vivons certaines choses là, entre autres les attaques de panique, mais d’autres troubles psychiques où on a touché du doigt à un moment donné certaines expériences que forcément les personnes qui le vivent à leur tour le vivent de la même manière. Donc ça m’a apporté de l’humilité et une posture qui n’est pas une posture de « savante » parce que je l’ai vécue mais qui est plutôt une posture de compréhension et d’écoute quand la personne le vit. Et je pense que c’est important de se dire aussi que ce n’est pas parce que nous-mêmes on est passé par certaines choses que la personne en face de nous va passer de la même manière par ces expériences là. Et elle ne l’a pas vécu comme moi je l’aurais forcément traversé, donc ça m’a permis de me dire qu’il y avait une façon plurielle de vivre les attaques de panique et que c’était pas moins valable et que c’était intéressant d’écouter la personne avant même de poser des mots d’ailleurs sur ce que la personne était en train de vivre. À aucun moment, on n’a parlé d’attaque de panique dans notre échange au final.
Oriana : Noémie, j’ai une dernière question, une toute dernière question. Est-ce que vous conseilleriez cette formation ?
Noémie : Bien entendu. Avec le récit que j’ai pu faire et que j’ai pu vivre, je la conseillerais et pour soi, puisque après, mon amie l’a fait. Je pense que ça l’a énormément aidée aussi de passer par la formation et pour la détection effectivement rapide et efficace de situations avant qu’elles ne dégénèrent. Là, elle m’a écrit à 10h30, à 10h50, sa respiration devenait normale. Elle se sentait vide, elle se sentait triste, mais elle avait eu du soutien et elle savait vers qui s’orienter. Donc je pense que oui, c’est même vital aujourd’hui de tous savoir réagir de cette manière-là pour éviter que les situations ne s’aggravent.
Oriana : Merci beaucoup.
Noémie : Avec plaisir.
Entretien avec Chrystel Besche-Richard
Oriana : Chrystel Besche-Richard, bonjour.
Chrystel Besche-Richard : Bonjour.
Oriana : Vous êtes professeure à l’université de Reims, Champagne-Ardennes, psychologue au groupe hospitalier Paul Guiraud. Et aujourd’hui, nous nous rencontrons pour parler ensemble des attaques de panique. Est-ce que vous pouvez nous en donner la définition ?
Chrystel Besche-Richard : Une définition brève, puisque l’attaque de panique justement se caractérise par un état aigu d’anxiété. Alors de courte durée, sauf que ça paraît quand même comme une éternité pour les personnes qui sont concernées par ces attaques de panique. Donc une montée assez soudaine, brutale, de symptômes anxieux, d’intensité sévère, dite paroxystique, puisqu’il n’y a pas d’éléments anxieux plus élevés que ceux que l’on connaît dans l’attaque de panique. Ces attaques de panique sont appelées aussi dans le langage courant crise d’angoisse, crise de spasmophilie. Ce sont des épisodes aigus qui surgissent soit de manière brutale, soudaine, sans événement déclencheur, soit au contraire ce sont des états aigus d’anxiété qui font suite à des situations tout à fait particulières, qui sont des situations qui sont anxiogènes pour les personnes concernées.
Oriana : Oui, nous allons certainement y revenir. Est-ce que vous avez quelques chiffres clés à nous donner ? Combien de personnes sont touchées par ces attaques de panique ?
Chrystel Besche-Richard : Alors, ce que l’on peut dire déjà, c’est qu’au cours de notre existence, tout à chacun d’entre nous, on peut être potentiellement, à un moment donné, concerné par des attaques de panique. On considère qu’une personne sur quatre pourra faire une attaque de panique au cours de son existence. En termes de chiffres d’attaques de panique caractérisées cliniquement, On est sur une prévalence d’un tout petit peu plus de 13%. Parmi les personnes qui ont fait une attaque de panique, 60% d’entre elles ont un risque d’en refaire au moins une autre, sans pour autant que ces attaques de panique deviennent ce que l’on appelle un trouble panique. J’imagine qu’on y reviendra un tout petit peu plus tard, également.
Oriana : Comment se manifestent-elles ces attaques de panique, ces crises d’angoisse, si je peux les appeler comme ça, et quels sont les symptômes ? Ou les signes d’alerte que l’on peut identifier en amont ?
Chrystel Besche-Richard : Peut-être une précision importante à donner, l’anxiété en tant que telle n’a rien de pathologique. On peut tous rencontrer au cours de notre existence de façon ponctuelle, de manière aussi un peu plus habituelle des moments où on va se sentir plus tendu, plus anxieux avec des éléments d’inquiétude, de nervosité. Donc je pense que c’est important effectivement de situer ça. L’anxiété en fait c’est une forme d’expression particulière de la peur, l’émotion. De peur est une émotion qui est importante, puisque c’est celle qui permet aussi de bien identifier la menace, le danger. Donc anxiété, peur sont des précisions importantes à donner pour bien situer justement où se situe le caractère dysfonctionnel de l’attaque de panique, dans son caractère aigu, dans son caractère intense, et parce qu’elle va regrouper des éléments caractéristiques. au niveau symptomatique. D’abord des symptômes, on va les appeler comme ça, de la sphère somatique, avec une transpiration excessive, des tremblements, des difficultés à respirer, donc plutôt des symptômes respiratoires, une sensation d’oppression thoracique, voire une sensation d’étranglement. Des éléments de la sphère cardiovasculaire, principalement des palpitations, une tachycardie. Des éléments de la sphère digestive, des douleurs abdominales ou en tout cas une gêne, voire des nausées, voire des vomissements qui peuvent apparaître au décours d’une attaque de panique. Donc ça c’est pour la sphère somatique. Des éléments de la sphère sensorielle avec ce qu’on appelle des paresthésies, pour utiliser un terme clinique, des engourdissements. des picotements, des gènes sur le plan sensoriel, accompagnés parfois, pas toujours, mais d’une sensation, d’une modification de la perception sonore qui peut paraître totalement exagérée. L’environnement bruyant va devenir excessif, une sensibilité aussi à la lumière et le sentiment pour la personne de se sentir petit à petit détachée de la réalité. Du coup, on aborde déjà un tout petit peu les éléments de la sphère psychique. avec un sentiment de tension, de malaise important. Une émotion de peur extrêmement intense, une sensation de tête vide, l’impression d’une perte de contrôle totale de sa capacité à pouvoir réfléchir, et puis parfois aussi, et souvent même, la sensation d’une meurtre imminente, qui est tout à fait, j’oserais dire cohérentes par rapport aux symptômes somatiques qui sont expérimentés par les personnes. Puis dernière sphère, ça va être rapide, c’est la sphère comportementale avec soit des états d’agitation, soit des états au contraire de sidération sur le plan comportemental ou à tout le moins de l’instabilité.
Oriana : Et donc autant de signes que le secouriste peut finalement déceler ?
Chrystel Besche-Richard : Alors autant de signes que le secouriste peut déceler quand il s’agit de pouvoir identifier une attaque de panique, le risque c’est de prendre pour une attaque de panique quelque chose qui relèverait seulement de l’ordre du somatique. Et je pense notamment aux crises cardiaques ou en tout cas aux éléments qui pourraient faire penser à des problèmes cardiovasculaires sérieux ou à d’autres problèmes de santé dont les manifestations peuvent prendre la forme des symptômes somatiques que j’ai décrits, des symptômes physiques que j’ai décrits pour l’anxiété. dans l’attaque de panique. Donc bien faire quand même attention à ça et s’assurer qu’il s’agit bien d’une attaque de panique et non pas d’un autre problème de santé.
Oriana : Y a-t-il des événements de vie susceptibles de créer, de provoquer, de développer une attaque de panique chez ces personnes-là ?
Chrystel Besche-Richard : En priorité, un haut niveau de stress ou une situation menaçante pour l’individu, ponctuellement menaçante pour l’individu. Ce sont des éléments qui sont propres à l’attaque de panique. Au-delà de ça, les attaques de panique font partie des troubles anxieux. Les facteurs de risque que l’on connaît dans les autres troubles anxieux s’appliquent aussi aux attaques de panique, puisque ce sont des épisodes d’expression extrêmement aiguës et intenses dans l’anxiété pathologique. Parmi les facteurs de risque que l’on connaît à l’anxiété, il y a des facteurs plutôt du côté de la personnalité, à savoir la présence d’une tendance à une émotionnalité négative, ce qu’on appelle le névrosisme en psychologie, à une tendance à une inquiétude, une anxiété permanente, excessive. Et puis il y a tous les facteurs liés aux événements de vie que la personne peut rencontrer, des abus physiques, des abus sexuels, des négligences durant l’enfance. Le fait d’être apparenté, il y a deux autres éléments importants à citer quand même, le fait d’être apparenté à une personne, d’être le parent ou l’enfant au contraire, d’une personne qui présente un trouble dépressif, un trouble anxieux, un trouble bipolaire, et puis souffrir finalement de pathologies respiratoires. qui peuvent être des facteurs de risque aussi pour développer des attaques de panique.
Oriana : Et comment se sent-on après une telle épreuve, après une attaque de panique ?
Chrystel Besche-Richard : Alors on se sent… L’attaque de panique est une expérience absolument terrifiante et extrêmement éprouvante pour la personne qui vit cet événement. Ce sont les premiers éléments que la personne va expérimenter au décours d’une attaque de panique, cette sensation d’avoir eu. un épisode pathologique où elle a eu l’impression potentiellement de pouvoir mourir, pour le dire concrètement. Viennent s’ajouter ensuite des sentiments de honte, de culpabilité, d’autodépréciation qui sont liés en fait à la prise de conscience de l’impossibilité pour la personne de pouvoir contrôler ce qui se passe. Il n’y a rien de plus terrifiant que de se sentir en perte de contrôle finalement. de l’ensemble de ses caractéristiques personnelles sur le plan psychique, sur le plan somatique, et donc à développer des sentiments vraiment d’auto-dévalorisation associés à ça. Très vite, les personnes peuvent avoir le sentiment d’être soulagées finalement, que l’attaque de panique soit derrière elles, que ça soit fini, mais très vite surgit aussi la crainte d’en refaire une. Donc c’est une espèce de cercle vicieux finalement. qui se profilent, puisque ayant la crainte de refaire une attaque de panique, les personnes vont mettre en place des stratégies pour essayer de limiter la survenue de ces attaques de panique.
Oriana : Justement, parlant de stratégie, est-ce qu’il existe des stratégies d’évitement ? Et puis une autre question, est-ce qu’une attaque de panique est un événement isolé ? Ou est-ce qu’on peut parler d’attaque de panique chronique ?
Chrystel Besche-Richard : Quand on parle d’attaque de panique chronique, on parle dans les classifications internationales des troubles psychiques, on parle de troubles paniques. Si ces attaques de panique surgissent de manière répétée, on bascule sur un diagnostic de trouble panique, avec ou sans agoraphobie, puisque c’est le contexte clinique le plus fréquemment associé au trouble panique. Néanmoins, une attaque de panique peut rester un épisode isolé au cours de l’existence d’un individu, et la récurrence des attaques de panique ne confère pas forcément au trouble panique. Donc c’est un petit peu plus complexe que ça. Avoir fait une attaque de panique représente un risque, effectivement, qu’une deuxième attaque se présente à la personne. Concernant les possibilités ou les stratégies que les personnes vont mettre en place pour limiter et éviter les attaques de panique, c’est justement éviter les situations qu’elles ont pu identifier comme étant à la source d’une première attaque de panique. Et donc on bascule en fait dans des stratégies d’évitement qui sont adaptées. Par rapport à la gestion du quotidien des personnes, mais qui peuvent, sur le long terme, devenir finalement un obstacle à une prise en charge efficace des attaques de panique et du trouble panique.
Oriana : Et en tant que secouriste en santé mentale, comment soutient-on une personne d’abord en état de crise et comment accompagne-t-on cette personne après cet état ?
Chrystel Besche-Richard : Oui, alors la situation d’attaque de panique pour les secouristes en santé mentale sont des périodes de crise, donc il faut pouvoir assister. extrêmement rapidement la personne en s’assurant. Souvenez-vous, tout à l’heure, j’ai parlé du corollaire entre attaques de panique et puis des problèmes de santé, y compris des problèmes de santé somatiques. Attaque de panique, crise cardiaque, quand on n’est pas médecin, ça peut être parfois difficile de faire la différence. Donc la manière dont le secouriste doit approcher une personne qui fait une attaque de panique, surtout si elle ne la connaît pas, si elle n’en a jamais eu… D’échanges particuliers, on peut imaginer dans un lieu public, c’est classique, où il y a beaucoup de monde, quelqu’un qui puisse faire une attaque de panique, vous êtes là en tant que secouriste, vous ne connaissez pas la personne, donc il faut pouvoir l’approcher, échanger avec elle, pour pouvoir connaître justement la nature des symptômes qu’elle expérimente à ce moment-là. Si elle a fait, si cette personne a déjà fait des attaques de panique, elle saura vous dire, elle saura dire au secouriste, probablement que c’est une attaque de panique, si elle ne sait pas dire, alors il faut pouvoir avoir des éléments qui laisseraient penser que ce qu’on pourrait prendre pour une attaque de panique, finalement, serait peut-être quelque chose qui relèverait de l’ordre somatique d’une crise cardiaque, par exemple. Un secouriste en santé mentale ne doit pas se substituer à un professionnel de santé.
Oriana : Il sera nécessaire donc d’appeler le 15 assez rapidement ou d’appeler le 18 ?
Chrystel Besche-Richard : Exactement. Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une attaque de panique ou d’un problème plus d’ordre somatique, il est nécessaire de pouvoir mettre la personne en place, en sécurité, en lieu sûr, pouvoir faire en sorte qu’elle puisse être dans une position soutenue, soit assise, soit adossée contre un mur si on n’a pas une chaise à proximité, pour limiter les potentielles chutes. Il peut y avoir des pertes de connaissances dans les attaques de panique, donc c’est important d’avoir ce réflexe-là, de pouvoir soutenir sur le plan physique la personne. à pouvoir appliquer les premiers gestes de secours physique si on suppose que finalement ce n’est pas une attaque de panique mais un autre problème. Et dans le cas où l’on est sûr qu’il s’agisse effectivement d’une attaque de panique, le secouriste doit rester calme, pouvoir rassurer la personne en étant bienveillant, en tenant auprès d’elle des propos qui sont clairs et rassurants, en lui exprimant aussi, parce que tout à l’heure on parlait de peur imminente de mourir quand on fait une attaque de panique, L’attaque de panique n’est pas dangereuse en soi. Il peut y avoir des conséquences qui peuvent être néfastes pour la personne, mais elle n’est pas dangereuse. Donc pouvoir rassurer, surtout si la personne a déjà fait une attaque de panique, c’est d’autant plus facile de le faire, pouvoir la rassurer, de pouvoir lui dire que cette attaque de panique n’est pas dangereuse, tout en ne minimisant pas par contre ce qu’elle ressent, puisque ce qu’elle vit au moment où elle le vit, elle le vit avec toute l’intensité de ce que représente effectivement. des symptômes d’attaque de panique. Donc on ne minimise pas, on ne banalise pas, mais il faut quand même pouvoir rassurer et expliquer que ça va passer. Une attaque de panique, ça dure entre 10 et 30 minutes. C’est une éternité pour celles et ceux qui le vivent. Ça fait partie des épisodes de crise courte dans le domaine des troubles psychiques. Ça paraît une éternité pour la personne, mais effectivement, ça finit par s’arrêter.
Oriana : Et quand la personne sort de cet état de crise ? Comment l’accompagne-t-on ?
Chrystel Besche-Richard : Alors il faut pouvoir discuter avec elle d’abord de ce qu’elle connaît. Est-ce qu’elle a déjà fait une attaque de panique ? Est-ce qu’elle n’en a pas fait ? Si c’est la première fois, elle aura besoin d’avantage d’informations pour comprendre ce qui se passe. Si elle en a déjà fait, pouvoir explorer avec elle les sources d’informations dont elle a pu disposer jusqu’à présent. Peut-être rien d’ailleurs, auquel cas il faut pouvoir l’informer sur la nature de l’expérience qu’elle vient de vivre. L’expérience anxieuse qu’elle vient de vivre et puis très vite lui donner des ressources pour pouvoir aller vers des professionnels dont elle jugera dans un premier temps le caractère opportun ou paf, mais aller vers des professionnels qui maîtrisent en fait des techniques qui ont été évaluées scientifiquement comme efficaces dans la prise en charge des attaques de panique, ce sont principalement… tout ce qui gravite autour des thérapies cognitivo-comportementales.
Oriana : Merci Chrystel Besche-Richard pour toutes ces précieuses informations.
Chrystel Besche-Richard : Merci, merci à vous.
Conclusion
Vous l’avez compris dans cet épisode, on a été, on est, ou on sera peut-être tous concernés un jour par un proche qui ne va pas bien. Si vous êtes dans cette situation, vous pouvez vous appuyer sur ces ressources. Le carnet du secouriste en santé mentale, mieux comprendre les attaques de panique, disponible en téléchargement gratuit sur le site internet de PSSM France. Vous pouvez également télécharger l’application de cohérence cardiaque RespiRelax pour vous aider à mieux gérer la crise.
Ou encore écouter l’épisode du podcast Les mots bleus Jusque là, tout va bien, troubles panique avec agoraphobie. Dans cet épisode, Michael Worms-Herminger reçoit Alexis, un trentenaire qui parle de sa première attaque de panique, de ses angoisses omniprésentes, et de la manière dont ce trouble a modifié sa vie. Enfin, il explique comment il parvient aujourd’hui à trouver l’apaisement et revenir à un quotidien plus serein.
En plus de ces ressources, sachez que venir en aide à quelqu’un qui ferait une attaque de panique, ça s’apprend. Sans pour autant se substituer au professionnel, ni devenir un soignant. Comment offrir son soutien ? Quelles sont les choses à éviter de dire ? Ou au contraire, les bonnes pratiques, les bons mots ? Quelles sont les ressources et les professionnels vers qui orienter ? Voici autant d’éléments qui sont abordés. lors de la formation au premier secours en santé mentale. Nous avons tous un rôle à jouer en tant que secouristes en santé mentale. Alors vous aussi, rejoignez cette démarche citoyenne et apprenez à aider en vous formant au premier secours en santé mentale. Pour cela, rien de plus simple. Rendez-vous sur le site internet de PSSM France. C’était Apprendre à aider, le podcast sur le secourisme en santé mentale. Si vous avez aimé cet épisode, laissez-nous un commentaire ou un like sur votre plateforme d’écoute. Rendez-vous dans un mois pour votre prochain épisode. Apprendre à aider est un podcast PSSM France, produit par Plus de Sens. Ce podcast a été rendu possible grâce au Self-Esteem Club d’Erborian, partenaire de PSSM France. Présentation, Oriana Dobremetz. Direction éditoriale, Stéphanie Rochedix et Oriana Dobremetz. Direction de la production, Nicolas Pineau.
Ce podcast a été rendu possible grâce au Self-Esteem Club d’Erborian, partenaire de PSSM France.